lundi 31 mars 2014

Cyrano de Bergerac La tirade du nez



L’autodérision est une arme pour toucher sa cible !

La tirade du nez est sans doute le monologue le plus célèbre de Cyrano.
Le 27 décembre 1897, lors de la première représentation de la pièce au Théâtre de Porte Saint-Martin, les premiers applaudissements retentissent à la fin de la tirade.
Les spectateurs furent conquis par la virtuosité,  la musicalité de cet échange verbal et musclé.
Depuis cette fameuse scène est entrée dans le panthéon de notre langue française.
Voilà pour l’Histoire !


Cyrano de Bergerac Cie Michel B au Théâtre Espace Marais.
La tirade du nez




2014, arrêtez un passant, demandez lui de déclamer une citation tirée de la pièce. 90% des personnes interrogées vous réciteront : 
“C’est un pic, c’est un cap…”  





Petit rafraîchissement de mémoire...



La scène intervient à l'acte 1, scène 4.
Provoqué par le Vicomte de Valvert sur la proéminence de son nez, Cyrano mouche le malotru en alexandrins bien sentis et devant témoins.
Il jubile d’autant plus que Valvert est un prétendant de Roxane, à l’instigation de Monsieur de Guiche qui verrait en cette union une bonne occasion d’obtenir secrètement les faveurs de la belle. L’amour fait faire des choses bien étranges…
Soit !

Avant l’envoi, Cyrano pique Valvert... du nez !

Morceaux choisis :

Truculent : “ ça, monsieur, lorsque vous pétuniez (fumez),
La vapeur du tabac vous sort-elle du nez
Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ?”

Empathique : “Aucun vent ne peut, nez magistral;
T’enrhumer tout entier, excepté le mistral !”

Naïf : “Ce monument, quand le visite-t-on ?”

Pratique : “Voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot !”




Cyrano de Bergerac Cie Michel B au Théâtre Espace Marais.
La tirade du nez
Et à la fin de la tirade… il touche.
Valvert en a le souffle coupé. Nous avec. Et l’on jubile que Cyrano ait la répartie aussi tranchante, celle qui nous manque parfois lorsqu'on est attaqué.
Sa tirade nous venge en quelque sorte.
Noé Cendrier qui incarne Cyrano dans notre représentation, ne boude pas son plaisir en déclamant la célèbre tirade.
En variant les tons, sa verve, son éloquence, son panache et son humour peuvent alors donner leur pleine démesure.
Cyrano se grandit en se moquant de lui-même.  Une belle leçon.
Et vous, si vous aviez un complexe physique, comment enverriez-vous un moqueur dans les cordes ? Par une tirade ?

Artistiquement.

J.P.

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